Cette jeune fille de dix-sept ans pleine de charme que peint un Gauguin amoureux, c’est Madeleine Bernard. Elle n’est pas un modèle comme les autres. En cet été 1888, la jeune fille est la muse de Pont-Aven. D’autres l’ont peinte, dont Émile Bernard, son frère. Née à Lille en 1871, Madeleine est d’une grande beauté et d’une vive intelligence. Elle voit naître sous ses yeux la formidable aventure de l’art post-impressionniste. Sur les bords de Seine à Asnières, à Saint-Briac, à Montmartre, elle est présente, sans être artiste elle-même ; rencontre Odilon Redon, Van Gogh, grand ami de son frère. Elle s’intéresse à la peinture. Mais aussi à la théosophie, aux spiritualités orientales. Entre ce frère rebelle si doué et une mère tyrannique, il lui faut trouver sa place de femme. Elle aspire à la liberté, choisit de travailler. Supporte mal ce milieu superficiel des ateliers de couture. Au fond, c’est une âme mystique, tendue vers l’invisible. Qui est Madeleine qui mourra à vingt-quatre ans ? Cette jeune femme qui ose poser une rupture radicale avec sa vie d’avant en s’enfuyant à Genève loin des siens ? Sa vie y prendra un tournant romanesque en croisant celle de la jeune Isabelle Eberhardt et de son frère.

 

Marie-Hélène Prouteau est l’autrice de neuf ouvrages. Son écriture littéraire entre souvent en correspondance avec le regard des peintres, avec leurs tableaux, notamment ceux de Georges de La Tour, William Turner, Rodolphe Bresdin, Paul Gauguin, Louis le Brocquy. Elle aime aussi croiser sa sensibilité avec celle d’artistes contemporains. Agrégée de lettres, elle a publié des études et écrit dans diverses revues de littérature.