Malgré plusieurs candidatures, le grand écrivain nantais n’a jamais été admis à l’Académie française. Il le regrettait. Sa notoriété internationale, de son vivant et jusqu’à nos jours, relativisent cet « échec ».

Le titre ambigu de la présente chronique n’est pourtant pas vraiment erroné. En effet, un ancien élève du lycée Jules Verne a été reçu à l’Académie française en 1974, au fauteuil rendu vacant par la mort de Marcel Pagnol.

Il s’agit du professeur Jean Bernard (1907-2006). Jean Bernard fut un pionnier et une sommité en hématologie. C’était un chercheur en cancérologie reconnu internationalement. Il a découvert la rubidomycine, un antibiotique efficace pour lutter contre la leucémie. Il a également été le premier à traiter la leucémie aigüe de l’enfant par transplantation de moelle osseuse.

Avant l’Académie française, Jean Bernard fut membre de l’Académie des sciences, puis de l’Académie de médecine ; il présida même ces deux institutions. Quel parcours !

Jean Bernard était à la fois savant et lettré. Il s’adonnait volontiers à la poésie. Dans son exercice de médecin et de chercheur, il n’oubliait jamais l’humain. A la demande de François Mitterrand, en 1983, il présida le premier Comité consultatif d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé.

Pendant la guerre, il dirige un réseau de résistance dans le sud-est de la France, est arrêté et emprisonné six mois à Fresnes. Il est titulaire de la croix de guerre 1939-1945 et est Grand-croix de la Légion d’honneur.

Ces quelques lignes ne suffisent pas bien sûr à nommer toutes les réussites scientifiques et les qualités humaines de Jean Bernard. Nous n’oublions pas qu’il n’a passé qu’une année scolaire rue du général Meusnier

Néanmoins, lui-même, en 1990, en avait gardé un souvenir reconnaissant : « Voici soixante-treize ans, j’ai été élève de cinquième du petit lycée de Nantes. J’avais alors dix ans. (…) J’ai gardé un très heureux souvenir des marches quotidiennes du boulevard Saint-Aignan au lycée. J’ai gardé aussi un heureux souvenir de mes maîtres (…). Monsieur Rousseau nous faisait aimer le latin. Il alliait rigueur et gaieté et nous enseignait la méthode en même temps que les mots. (…) En 1918, nous sommes revenus à Paris. J’entrais en quatrième au lycée Louis le Grand. Je suivis l’enseignement parisien sans difficulté grâce à la formation et aux leçons reçues de mes maîtres du petit lycée de Nantes. »

On ne peut qu’être admiratifs et fiers de ce « grand ancien » du lycée Jules Verne.