70 ans de fidélité à son lycée !

Aujourd’hui, notre Carnet est doublement en deuil. Non seulement il met en avant le départ de l’un d’entre nous, notre ami et vice-président Guy Savoret, mais en plus il désigne celui-là même qui s’était donné pour mission de repérer fidèlement dans la presse régionale tous ceux (et celles), proches de nos deux lycées, qui nous ont quittés. (Avec la vigilance de son amie – de notre amie – Michelle Chéneau).

C’est maintenant à notre tour de remplir cet office, à la fois avec tristesse mais aussi émotion positive, tant l’empreinte de Guy reste une marque bien « vivante ».
Ce paradoxe lui ressemble. En effet, jusque dans ses derniers moments d’affrontement de sa maladie et de ses mutiples hospitalisations, Guy riait encore avec lucidité et humour de ces tourments. C’était sa façon à lui d’être déjà survivant  !
Cette « survivance », je voudrais vous la restituer ici, au travers de ces quelques impressions subjectives.
Tout d’abord, deux images (récentes) :
– La première, « vice-présidentielle », le montre dans ses élans de certitudes sérieuses et protocolaires. (Ce qui ne l’empêchait pas à d’autres moments d’exprimer son espièglerie presque juvénile).

– La seconde, qui pour moi est celle qui le résume le mieux dans toute sa complexité, sa sincérité et son humanité.

En hommage, ces quelques points de repère (en guise de « preuves de vie ») :

Guy a d’abord interne au lycée Clemenceau durant toute sa scolarité (années 48 et à suivre). Il aimait à rappeler qu’il avait contribué avec son am Loukianoff à la création du Ciné-Club du lycée au sous sol de la Chapelle. (lActuel amphithéâtre Thomas Narcejac).

Puis surveillant d’externat.

Beaucoup plus tard, nous le retrouvons comme membre de l’Amicale, puis membre du Conseil d’administration,  et enfin, vice-président. Pendant plusieurs années, il a été membre du Conseil d’administration au titre de »personne qualifiée » désigné par le Proviseur. (Le « patron » ou la « patronne », selon son expression).

Médecin retraité (plutôt médecin des pauvres, quartiers Dervallières, Chantenay, Bellevue), fervent praticien de « l’ancienne école », il était sévère pour la médecine contemporaine, à laquelle il reprochait sa dérive technocratique et désincarnée.

 

 

Un peu carabin, beaucoup rabelaisien, passionnément littéraire, il aimait à réciter tout cru des textes tirés de sa collection La Pléiade ou de ses livres de chevet Lagarde et Michard. Et lors de nos assemblées conviviales, il adorait solliciter et mettre en scène de jeunes élèves du lycée pour lui donner la réplique.

Très fier de sa ribambelle de petits enfants et arrière petits enfants, il offrait facilement un pot à l’occasion de chaque nouvelle naissance.

Fidèle en amitié et à ses sentiments, il a cultivé jusqu’à la fin sa bonne bande de copains d’internat des débuts, particulièrement nos amis Daniel Auger, François Rambaud, Jacques Richard, Daniel Fruneau… Et bien d’autres encore, avec lesquels il entretenait le lien.

Ceci, par exemple lui a permis chaque année de réunir d’anciens collègues des années 60 pour un « déjeuner de pions » à la Cafétéria du lycée. De cette époque, nous avons été jusqu’à 19 participants ! C’est dire l’impact de sa capacité fédérative.

Au passage, une pensée pour son amie Édith, dont le décès, peu de temps avant le sien, l’avait beaucoup affecté.

Un peu « réac » et parfois intempestif sur le plan des idées sociétales, mais en réalité tellement humain et bienveillant dans ses relations sociales, il était sensible à toutes les misères. Et toujours prêt à aider, à rendre service. Et notamment, à covoiturer.

D’ailleurs, il compatissait à la souffrance de n’importe quel animal blessé. Il était un fidèle lecteur de la revue naturaliste « La Hulotte », dont il avait toute la collection.

Il était également collectionneur de timbres français.

Français (et patriote, non pas nationaliste) justement, il l’était d’ailleurs avec fierté. Il détestait le franglais.

Et, en tant que Fils de tué et pupille de la nation et comme porte drapeau, il s’évertuait chaque année à être présent, au garde à vous et en gants blancs, à l’occasion des cérémonies de commémoration de l’armistice 1918, aussi bien aux Tables mémoriales de Nantes qu’en notre lycée Clemenceau.

Témoin, l’hommage qui lui a été rendu en retour à l’occasion de ses obsèque (26 juin 2018) par une haie d’honneur de porte drapeaux d’associations d’anciens combattants.

L’Ossuaire de Douaumont, le cimetière américain d’Omaha Beach furent pour lui des lieux de pèlerinage.

Sa maisonnette rustique de Notre Dame de Monts en Vendée lui fut souvent un refuge.

Il nous y invita plusieurs fois pour des parties de saucisses grillées.

Chaque fin d’hiver, il aimait à offrir autour de lui son bouquet de mimosas de son jardin.

Enfin, rappelons qu’il fut un redoutable « relecteur » de notre Vieux Bahut avant envoi à l’impression. De ce point de vue aussi, il nous manque.

Tel il était, bouillonnant et « multiple », tel il reste en notre affection !

 

Guy, c’était quelqu’un !

Le bleut de France, un peu son emblème

Bernard Allaire (mars 2019)

 

C’était à Nantes, cimetière de la Gaudinière, LE 15 MARS 2023, en présence de Madame Savoret, son épouse de Guy et de son fils Bertrand.

« Qui était GUY ? Lire l’article publié dans le Vieux Bahut de mars 2019 ».