C’est à la belle saison que l’on peut, découvrir et admirer les jardins en s’y promenant. La nature en déployant alors toute sa magnificence     nous invite à y rêver et méditer. Véritables patrimoines, certains jardins ou parcs méconnus, méritent pourtant bien le détour pour qu’on puisse découvrir la beauté de leur ornementation et de leur agencement. C’est le cas du jardin du château de La Droitière. L’illustre écrivain Jules Verne qui aimait y séjourner à divers moments de sa vie, y puisa son inspiration pour écrire ses romans, en particulier « Voyages extraordinaires ».

C’est en effet chez sa sœur Mathilde Verne qu’il fit quelques haltes. Celle -ci était l’épouse d’un certain Victor Fleury. Celui-ci acheta en 1867 le domaine, avec son frère Jules Fleury ; tous deux étaient originaires de Saint Amand les Eaux dans le Nord. Jules exerçait la profession de banquier et d’agent de change alors que Victor Fleury était entré aux Eaux et Forêts. Passionnés par l’horticulture, Victor Fleury et Jules Verne imaginèrent et créèrent un parc immense aux essences rares et exotiques.

Le château de la Droitière est situé à quelques km de Nantes à Mauves sur Loire. Le bâtiment lui-même, ayant connu des vicissitudes et dégradations durant des décennies est aujourd’hui en pleine réhabilitation.

.. C’est grâce à l’association des amis du château de Goulaine qui organisa cette visite, que j’ai pu découvrir ce château et son jardin. Nous étions un petit groupe d’une 15 aine de personnes ce 8 du Juillet dernier ; et nous avons été reçues très chaleureusement par Frédéric Bono, ancien propriétaire de ce domaine de 2014 à 2022 ; celui-ci l’a cédé à titre gratuit à l’association Les Amis de la Droitière ;

Avant de débuter la visite, Frédéric Bono nous traça longuement l’histoire mouvementée de la propriété.

Sous l’Ancien régime : une succession de propriétaires

Le château date du XVIe s.  Il a été la propriété de plusieurs familles au cours des siècles. Il a été construit par la famille Malestroit , des seigneurs d’Oudon. En 1526, une activité de fausse monnaie fut découverte par la maréchaussée sur le territoire de la Drouétière (d’où le nom à l’origine). Jean de Malestroit et son frère Julien furent arrêtés ainsi qu’un clerc Jean Drouet qui les avait assistés. Les possessions furent vendues.

Au XVIIe le domaine fut appartenu successivement à deux familles de négociants nantais ; elles construisirent une bâtisse servant de base au château actuel. Puis de 1786 à 1867, François Guillet de la Brosse capitaine aide-major des milices de Saint Domingue et conseiller-secrétaire du roi à la Chancellerie de Bretagne engagea des travaux sur le château remanié dans le style Louis XVI. Il fit construire aussi une chapelle bénie en Juillet 1789. Il aménagea également le parc.

En 1793, sous la Révolution française, le château est pillé et François arrêté.

Après la Révolution de 1789

Julien de la Brosse, son fils et son épouse (en 1805) Marie Victoire Palerne de La Haudussais, y organisèrent de nombreuses réceptions mondaines. La petite fille de Julien Guillet de la Brosse hérita du château en 1845. Son époux Arthur de Cornulier -Lucinière qui possédait d’autres propriétés coûteuses dut vendre le château de la Droitière.

Au XIXe Jules Verne à La Droitière

En 1867 Victor Fleury (1828-1886) acheta le domaine.  Victor Fleury était membre de la société d’acclimatation de Nantes et de la société nantaise d’Horticulture. Il a été maire également de la commune de Mauves -sur-Loire pendant une dizaine d’années A partir de 1872 il entreprit plusieurs travaux dans le château ; i l ajouta deux pavillons et remplaça les armoiries. Avec Jules Verne il agrandit le parc et l’aménagea dans un style anglais. La fille de Victor hérita du château. Puis elle le transmit à ses fils en 1929., mais la crise financière de cette année- là obligea ce dernier à vendre le domaine

AU XXe transformation du château en sanatorium puis réhabilitation dès 2014

De 1930 à 1937 le château devint la propriété d’un diplomate anglais. Puis le château est revendu.

De 1937 à 1963 le château fut transformé en un sanatorium pour femme ; durant cette période la tuberculose était en effet très virulente. Quelques bâtiments ont été rajoutés pour cette activité. Grâce à ce statut le château resta protégé et servit même de base d’approvisionnement à la résistance en particulier pour le groupe Vengeance du maquis de Saffré.

De 1963 à 2005 le CHU devint propriétaire ; les intérieurs furent alors restructurés et tous les éléments décoratifs supprimés, et l’aile Jules Verne réaménagée. Une unité de soins normalisée.  (UNS) fut construite, Les bâtiments furent ensuite fermés en Février 2000 et vendus en 2005.

En 2005, le château fut acquis pour un projet hôtelier qui fut annulé suite à la crise financière de 2008.

Frédéric Bono reprit le site pour sa sauvegarde et le transformer en un lieu touristique avec le parc En 2018 l’association des amis du château de la Droitière fut créée. Puis en 2022 Frédéric Bono fit don   du domaine à l’association. Celle- ci a vocation aujourd’hui de restaurer et d’embellir le château et d’ouvrir le site et le parc au public pour la visite : jardin à la française, jardin à l’anglaise, jardin arboretum, jardin botanique jardin contemporain et

Le Parc

Après cette présentation de l’historique du château Frédéric Bono nous a emmenés à la découverte de ce parc magnifique qui s’étend sur 11ha.Au cours de nos déambulations, notre guide très documenté et plein d’humour nous a donné force détails sur chaque partie visitée tout en émaillant son propos d’anecdotes historiques ou amusantes. Le parc comprend un jardin à la française dans le style classique du XVIIe et du XVIIIe, c’est-à-dire que les perspectives portent plus loin à partir du château en lignes droites à l’infini ; un parc italien et un parc américain qui ont été ajoutés ensuite. Mais c’est le jardin à l’anglaise que Victor Fleury et Jules Verne aménagèrent avec des allées sinueuses, qui serpentent à travers le parc arboré avec implantation de bosquets. Férus tous deux d’horticulture et arboriculture, Ils l’agrémentèrent d’arbres rares et exotiques qu’ils firent venir de tous les continents par bateau à partir de Nantes. Nous avons pu entr’ autres, admirer un magnifique charme, un cyprès chauve, un chêne vert aux dimensions remarquables, un sequoia gigantua, un chicot du Canada et un très beau cèdre bleu que rapporta Jules Ferry sans doute de son voyage en Algérie en 1878 et qu’il planta en 1880.Il fit aménager également une gloriette où il aimait venir méditer ou puiser de l’inspiration pour ses romans, lors de ses séjours à La Droitière.

Après ses longues déambulations à travers les allées, la visite se termina par un chaud soleil au salon de thé.

Michelle Bessaud